TAEKWONDO : LES GULEC, UNE FAMILLE OLYMPIQUE

Il y avait Sumeyye, la sœur aînée, qui a participé par deux fois aux JO (2008 et 2012). Il y a désormais Rabia et Tahir. Pour la 1ère fois de l’histoire, une sœur et un frère vont combattre aux Jeux Olympiques (17-20 août). Et les deux sont légitimement en course pour une médaille. Rabia a fini 3e des Mondiaux en 2013 et est double médaillée européenne (-67 kg). Tahir a été sacré champion du monde en 2013 et a terminé 3e en 2015 (-80 kg). Interviews croisées.

Par Ludovic Mauchien

Elle a 22 ans. Elle a été médaillée de bronze aux Championnats du monde 2013, et deux fois aux Championnats d’Europe 2014 et 2016. Il a 23 ans. Il a été champion du monde en 2013 et s’est classé 3e en 2015. Rabia et Tahir Gulec ont été formés ensemble au Taekwondo par leur oncle, dans son club de Nuremberg.

Dans la foulée de leur sœur aînée, Sumeyye, qui fut championne d’Europe en 2008 et 3e des Mondiaux en 2005 et 2011, ils vont représenter l’Allemagne et leur famille aux JO de Rio.

Rabia s’est qualifiée par le biais du tournoi continental qui s’est tenu en janvier dernier. Elle n’est pas la favorite des -67 kg, la Française Haby Niaré, la Suédoise Johansson, la Taïwanaise Chuang, la Turque Tutur… semblent positionnées devant elle. Mais sa 3e place fin mai aux « Europe » prouve qu’elle sait habilement se glisser sur un podium.

Tahir, de son côté, pointe en 9e position du ranking (ex n°6) avec, dans sa catégorie, des clients comme Aaron Cook (3 combats, 2 défaites pour l’Allemand), l’Iranien Khodabakhshi, l’actuel n°1 mondial (1 défaite pour Gulec en ½ finale des Mondiaux 2015), l’Ivoirien Cissé, le Russe Gaun et l’Anglais Muhammad… Ca fait du monde ! Mais il peut le faire. Il l’a déjà réalisé en 2013…

Rabia et Tahir ne pourront cependant pas s’encourager à Rio. Ils combattent le même jour, le 19 août. Ils sont décidément inséparables ! Deux médailles pour la même famille la même journée, cela aurait de la gueule !

« Elle sera toujours la n°1 pour moi »

Et si vous deviez vous présenter mutuellement…

Rabia : Mon frère a été champion du monde en 2013 et il est qualifié pour Rio. J’aime beaucoup son Taekwondo. C’est un excellent combattant. Il travaille beaucoup de tactiques spéciales et marque toujours à la tête. Que peut-il s’améliorer ? Rien, il est super (elle rit).

Tahir : Ma sœur est l’une des toutes meilleures combattantes du circuit féminin. Elle est aussi qualifiée pour Rio. Ca, c’est super ! C’est un sentiment, un ressenti génial. Je suis fière d’elle. C’est une formidable combattante. Elle va nous le montrer à Rio, j’espère. Si elle le veut, elle peut tout faire. Mais parfois… C’est pour cette raison qu’elle perd. Elle peut battre tout le monde mais elle doit en être persuadée. Elle doit plus croire en elle-même.

Qu’avez-vous envie de dire l’un à l’autre ?

Rabia : Je lui souhaite le meilleur pour toujours. Je souhaite qu’il remporte une médaille à Rio. Je l’espère à chaque fois, quelque soit le tournoi, mais encore plus particulièrement ce coup-ci parce qu’il s’agit des Jeux.

Tahir : Qu’elle perde ou qu’elle gagne, elle sera toujours la n°1 pour moi.

Que représente le Taekwondo pour vous ?

Rabia : C’est un sport mais, pour nous, c’est plus que cela, c’est notre famille. La Taekwondo fait partie intégrante de notre vie. Nous avons commencé à pratiquer quand on était bébé.

« Je suis très dur avec elle »

Vous coachez-vous mutuellement ?

Rabia : Moi non, mais Tahir me coache parfois.

Tahir : Quels conseils je lui donne ? Au 1er round, je me contente de regarder la façon dont elle et son adversaire combattent. Ensuite, je lui donne de bons conseils tactiques car je suis un bon coach (il rit). C’est plus difficile de coacher sa propre sœur que n’importe qui d’autre. C’est ta famille, c’est ton sang, c’est ta sœur. Les autres veulent gagner, ta soeur doit gagner. C’est un autre sentiment. Bien, entendu, je suis très dur avec elle.

Qui craignez-vous le plus à Rio ? Vous-mêmes ?

Rabia : Je ne réalise pas tout à fait encore ce que seront les JO. Quand j’y pense, mon cerveau brûle (elle rit). On verra bien. Je crois que je peux y parvenir, que je peux faire de mon rêve une réalité. Je dois croire en moi.

Tahir : Beaucoup de très bons combattants seront présents. Tout le monde veut être le n°1 et ce sera très difficile. On doit donc s’entraîner encore plus fort que nos adversaires. Comme tout le monde pense la même chose, espérons que ce sera notre jour et que nous gagnerons.

« J’aime m’entraîner avec Tahir »

Que représentent les JO pour vous ?

Tahir : Pfouhhh, c’était mon rêve. J’ai gagné les Jeux Olympiques de la Jeunesse. Les JO, c’est la plus grosse compétition pour les combattants de Taekwondo et je suis fier d’être qualifié. C’est formidable. Je ne peux pas expliquer…

Vous entraînez-vous ensemble ?

Rabia : Quand on est à Nuremberg, au club de notre oncle, cela nous arrive très souvent, bien que ce soit un peu dur pour moi (elle rit). Même si Tahir ne frappe pas à 100%, cela reste puissant pour moi. En plus, il a une grande allonge. Mais j’aime m’entraîner avec lui.

Je m’entraîne aussi avec mon petit frère. J’aime m’entraîner avec les garçons parce qu’ils combattent différemment de nous. Ils sont plus explosifs. Si l’un des deux me met une jambe, je veux leur en mettre deux ! On s’amuse bien…

Hors Taekwondo, qu’aimez-vous faire ?

Rabia : J’apprécie passer du temps en famille, quand je suis à la maison. J’aime aussi me balader avec mes amis quand je le peux.

Tahir : J’adore le foot. Je suis un fan du Besiktas Istanbul. J’aime jouer au foot mais aussi me promener avec des amis, aller au cinéma avec eux… Mais le Taekwondo reste notre mode de vie. On ne peut pas s’en passer, c’est impossible !